Bling-Bling, spectacle, gloire et beauté de façade, silence assourdissant: le footix a accouché d’un rejeton: le futsalix.
Le célèbre Footix, dont les plus nostalgiques se souviendront, n’était pas célibataire. Après avoir mené l’enquête, France-Futsal est tombé sur un scoop: Footix aurait eu ou serait en passe d’avoir un enfant illégitime et caché: Futsalix. Pour le plus grand mal du futsal français.
Vous vous en souvenez sans doute. Eté 1998. La France devient championne du monde. Le RC Lens devient champion de France et le Real Madrid gagne sa 1ère Ligue des Champions après 32 ans d’attente. Qui s’en souvient ? Mais tout cela c’est du football. Les plus vieux d’entre nous, tout de même amoureux du ballon rond (sur gazon) le diront sans hésiter: c’était quand même une autre époque ! Cette année 1998 marquera d’ailleurs une vraie césure entre le « football d’avant » – celui des Papins, Vercruysse, des shorts courts, des grosses moustaches et des coupes de cheveux de malades – et celui du « football business d’après », celui des salaires mirobolants, d’un football qui perdra rapidement de son âme, d’un football vide et sans valeur. Il n’y a qu’à voir aujourd’hui en zone mixte: plus de saveur, plus de suspens, plus d’actions, plus de front-kick sur des supporters (Eric et Patrice si vous nous entendez…).
Cette année 1998, c’est surtout l’avènement d’un personnage anthropomorphe, plutôt sympathique à priori. Anthropomorphe ?! Cela veut dire l’attribution de caractéristiques d’un être humain, avec son comportement et l’expression de son visage, à un être inanimé ou un objet. Sauf que là, c’est un coq, qui se veut la symbole de la France et de son football. Corps bleu de lâche et tête jaune digne d’une gastro après une soirée bien arrosée, le petit coq dont le nom devait faire référence au stéréotype type du gaulois, inspiré d’Astérix, avait en réalité le regard vide, vulgaire objet marketing. Figurant sur de nombreux objets publicitaires, il engendra un cousin Jules (mascotte de l’équipe de France en 1998) et une petite Ettie en 2018 (mascotte de la coupe du monde de football féminine en 2019).
Depuis, le business autour du football qui s’est développé a donné un tout autre sens au terme « Footix ». Il affuble aujourd’hui bon nombre de pseudos supporters de foot et pourrait correspondre à pas mal de situation: Bébert et Alain boivent une bière et n’ont que le football comme sujet de discussion. Ils se réunissent chaque samedi et se donnent de l’importance en pensant parler football alors qu’ils n’y connaissent que dalle en règles du jeu. Effet de mode et prétexte pour une bonne cuite. L’un se dit supporter de l’OM et du PSG, mais iront immédiatement supporter la Juve car Ronaldo à vraiment une belle coupe de poney et un swag à toute épreuve. L’un pourrait être un vieux bof qui parie sur les matchs et qui estime n’en avoir rien à faire du jeu, l’autre pourrait être un « supporter » touriste chinois à Anfield Road qui a dépensé le temps d’un week-end 200 balles dans un maillot de Liverpool pour mieux ressentir « le truc », ou pourrait encore être un ado pré-pubère devant son facebook commentant et donnant des leçons à tout-va, pensant que seules la gloire, le salaire, les femmes définissent le footballeur moderne. Les Ultras de clubs de football apprécieront.
Mal du sport moderne et créé par l’appétit vorace de nombreuses fédérations voulant transformer le sport en un business lucratif au détriment du ludique et du récréatif, le terme « footix » a été adapté et adopté par d’autres disciplines, comme au basket on aura fleuri le terme « Basketix ». Le « Footix » et le « Basketix » ne sont ni plus ni moins que des girouettes, dégainant le porte monnaie pour acheter le dernier produit marketing aussi vite que de dire des conneries aussi grosses que l’Everest: « MBappé est meilleur que Zidane ». Pas touche minouche !! Personne ne touche à Zizou ! Pauvre génération …
L’occasion était trop grande pour nous de faire un parallèle. Nous avons poussé la réflexion et avons longuement réfléchi. Oui ! Nous avons le scoop tant rêvé. Footix serait en passe d’avoir un enfant illégitime: FUTSALIX ! Nous avions le devoir de révéler l’info au futsal français qui devient de plus en plus amnésique malheureusement, signe d’une époque où valeurs et militantisme ne veulent décidément plus rien dire.
Aussi ringare qu’affligeant et ridicule, Futsalix, en digne rejeton de son père Footix, a très rapidement investi les réseaux sociaux a base de clics maladifs, et aura rapidement montré le bout son bec. Avec l’arrivée prochaine de Ricardinho dans le paysage du futsal français, il n’y avait pas meilleure occasion ! Bling-Bling, gloriole, articles dans l’Equipe (média futsalix ?), le Futsalix ne s’intéressait même pas au futsal il y a encore 1 an. S’il faut bien commencer à s’intéresser à la noble discipline (elle le mérite), le futsalix fera très vite fausse route: le futsal n’est pas du football. Et ne l’a jamais été.
Même si les nombreux clubs de futsal aujourd’hui pâtissent de la lourdeur footballistique des règlements imposés unilatéralement par les instances du football, le futsal n’est pas du football. Même la star planétaire, Ricardinho himself le dit: « le futsal c’est du futsal, pas du football« . Quand le lusitanien le découvrira en venant en France, il saura très vite dans quel guépied « mental » il s’est fourré. « Futsal », « football », « football en salle » … Lui qui avait passé une année au Japon pour développer le futsal au pays du soleil levant (avec brio) se rendra très vite compte de ce que lui rendra le pays de naissance de footix et de son avorton Futsalix. La France n’est pas le Japon. L’arrogance n’est pas le respect de valeurs. L’ignorance n’est pas la connaissance. Le futsalix n’est pas un samouraï. La France n’est pas un pays de futsal, ni même de football. C’est son choix. On le respecte.
Il se rendra très vite compte de l’effet de mode induit par sa venue, et que le futsalix sera bien plus que le simple beauf inoffensif et sympathique qu’était Footix. Car le futsalix (au futsal) n’est pas qu’un simple supporter. On le voit un peu partout (mais pas partout heureusement) et il a de multiples visages: dans les clubs, chez certains présidents, dans certaines instances, chez les « facebookers » en herbe qui s’improvisent connaisseurs.
Il se rendra vite compte que de nombreux supporters qui veulent l’un de ses autographes n’y connaissent pas grand chose au futsal et ne feront aucun effort: plus attirés par sa particule « inho », ils se détourneront rapidement de lui lorsque son club invitera un joueur à 11 de seconde zone venir donner le coup d’envoi de son match. La France n’est pas le Japon ou l’Espagne. Ils ne s’intéresseront à lui que lorsque il sera dans les plus belles compilations de buts, pas pour son travail de fond, sa stratégie et sa construction du jeu. La France ne mérite pas (encore) le natif de Porto. Bicyclettes et roulettes cher Ricardinho ! N’oublies pas ! Le futsalix français est exigeant ! Ricardinho, si tu nous entends, tu cristalliseras toute l’attention des futsalix de France: tu auras peut-être tes poupées dérivés (quoi que), tu seras peut-être une marque déposée et tu attireras toute leur attention; ils suivront tes moindres faits: entre Nabilla et Matt Pokora, entre deux articles de tabloïds. Ne change pas le numéro de ton maillot ou ta coupe de cheveux, ils ne connaitront de toi que cela !
Il se rendra compte que dans cette douce France certains auront autorisé l’Olympique Lyonnais créant sa section futsal à se hisser immédiatement en D1 District, sans passer par la case D3 District du Rhône. Pauvres clubs de l’agglomération lyonnaise. Le « futsalixisme » institutionnel dans sa plus grande splendeur ! Le pire, c’est que de nombreux clubs de District sont contents et ne bronchent pas. Nouveau syndrôme de Stockholm. On croit rêver. Comment expliquer cela au meilleur joueur du monde ?! Il faudra bien lui dire que le futsalix ce n’est pas que sur facebook ou dans les gradins, le mal est partout ! Il faudra lui expliquer que de nombreux clubs de futsal pensent que le futsal c’est du football, et que ceux-ci « dorment littéralement debout », acceptant, par lassitude, désespoir ou laxisme, de telles injustices. Que ces mêmes clubs acceptent sans broncher que des clubs à 11 approuvent dans les districts et ligues régionales les lois et règlements du futsal, si ce n’est pas à Paris où le football et certaines de ses règles inadaptées sont appliquées unilatéralement au futsal. Il saura que le but de certains clubs de l’élite n’est que d’écraser (pas que sportivement) un autre club rival, signe d’une guéguerre des égos ridicules. C’est bien connu, les pauvres se battent et les riches applaudissent. Que les clubs de la base sont délaissés et croulent sous les contraintes et les règlements, comme pour mieux les éloigner stratégiquement du paysage du futsal français que l’on voudrait (peut-être) « propre » de sa base populaire. Tout cela ne sont que des hypothèses que l’ami Richard pourra vérifier ou pas … Chacun sa propre expérience.
Ce futsalixisme s’est aussi cette propension somme toute française a snober le futsal de la base et vouloir faire du futsal un business à part entière, où les petits clubs paient et ne peuvent s’exprimer sur l’avenir de leur discipline. Si après tout c’est dans l’ère du temps, se positionner en acteur du développement du futsal tout en ignorant l’histoire de la noble discipline est une gageure. A la différence du football à 11 où le Footix désigne le « supporter » en particulier, le Futsalix du futsal se retrouvera un peu partout, mais surtout dans les esprits.
Les clubs spécifiques de futsal auraient du réagir. Ils n’ont pas réagit. Ils ont laissés passé et ont accepté les termes abjects de « Messi du futsal », « Ronaldo du futsal » dans des médias aussi Futsalix les uns que les autres, et lus par des lecteurs on ne peut moins Futsalix. Ils ont liké comme des malades les performances de l’équipe de France (et ils ont raison), mais se sont détournés de leur souris pour soutenir des clubs de District en difficulté.
La lumière apportée par le projet « Ricardinho » de l’ambitieux d’Acces, que nous saluons, cache en réalité un profond mal des clubs « d’en bas »: clubs de la base que beaucoup voudraient, volontairement ou involontairement, ignorer. Nombreux sont ceux qui ont délivré leur verdict: le futsal est du football. Le futsal devra devenir du football, coûte que coûte, pourvu que le rouleau compresseur ne laisse pas de traces. Le futsalix est la plus belle expression de ce futsal en mutation. Ils sont toujours plus nombreux, et prennent un train qui n’a pas démarré il y a 1 an, mais bien il y a plus de 30 ans avec Amador Lopez, notamment. Ils seront « servi » quand ils devront s’abonner aux retransmissions de matchs, payer 45 euros leur entrée au gymnase (s’ils y vont) et acheter leur dernier journal qui ne parlera de futsal qu’entre la rubrique badminton et squash. En croyant être les loups de leur propre histoire, ils ne seront que des moutons… Pauvre futsal français.
Mais c’est quoi un Futsalix au final ? Le Futsalix est attiré par le profit, la gloire, l’égo, les royalties et la renommée, alors qu’au final il aura oublié tout ce qui faisait la beauté de notre discipline: le partage, les valeurs de solidarité, l’éducation, l’esprit du sport. Tout ce que prônait Ceriani au tout début de l’aventure, et tout ce que veulent détruire ceux qui veulent faire du futsal le sport bling-bling qu’est le football aujourd’hui. Oui, le futsal doit se développer et etre plus visible, mais pas au détriment de ses valeurs et des clubs populaires, qui ont fait le futsal quand personne n’était là pour eux. Le football perd de nombreux clubs dans les quartiers et les campagnes, dont les bénévoles, de moins en moins nombreux, ne se reconnaissent plus dans cette jeunesse plus attirée par leur dernière action sur YouTube que par l’odeur de l’herbe fraiche le dimanche matin et se retrouver entre amis, juste par plaisir. Ce sera donc la même pour le futsal ? Le sport était pourtant affaire d’éducation et de transmission de valeurs, croyait-on? Un futsal (et un football) coupé de sa base et désormais élitiste, qui ne voudra plus rien dire pour une grande majorité de vrais fans, clubs et dirigeants. Un futsal à deux vitesses, un futsal de quartier et populaire qui va disparaitre au profit de grands clubs à 11 qui sauteront 4 divisions lorsque ils seront crées, au détriment de clubs ruraux et de quartiers populaires qui paieront sans broncher, alimentant un système qui les tuera tout ou tard.
Une histoire qui disparaitra. Ce n’est qu’une question de temps. Le dur constat du sablier et du rouleau compresseur, encore une fois. Le dur constat d’être pris en otage par certains fossoyeurs, qui pensent bien faire, mais qui font du mal. L’arrivée de Ricardinho ne pourrait être qu’une bonne nouvelle au final, sauf que le futsal français n’est pas prêt d’accueillir un tel magicien, car ne voulant pas tirer les leçons des dérives qui ont amené le football d’un sport noble (qu’il est toujours) à un business aux montants astronomiquement déraisonnables. Il y aura du spectacle oui… vous en aurez.
Futsalix institutionnels, Futsalix médiatiques, clubs futsalix, Supporters futsalix 2.0 … On ne parle plus du gentil footix de 1998, mais d’un monstre à 4 têtes. Le militantisme et la simple passion ne seront plus à l’ordre du jour et n’intéressent plus personne. Le futsalix veut vraiment reproduire les quelques mauvais codes du football au futsal, et cela, à tous les niveaux (vision, médiatisation, supporterisme)… alors qu’il n’aurait dû que prendre un peu de temps pour mieux respecter cette belle discipline.
Nous avouons nous aussi qu’à force de faire des parallèles incessants entre futsal et football (sans nous en rendre compte), il se peut que ce soit déjà cause perdue: le futsal serait bien en train de devenir du football, avec ses facettes douteuses, à notre grand désespoir. Le développement du futsalixisme n’est au final pas si ridicule et ringard; il est même facile à cerner: il y a une image à faire disparaître (ceux qui « ont fait » le futsal populaire depuis les années 80) et un créneau très juteux à prendre pour vendre à des moutons silencieux qui paient pour l’alimenter … Business is business… Le mouton paiera sans broncher pour n’en rester qu’à sa condition de mouton. Tant pis.
« Cher Footix, on t’aimait bien quand tu restais gentiment devant ton match sur herbe, sans nous ennuyer. On aurait aimé que tu apprennes les bonnes manières à ton fils Futsalix et qu’il apprenne des erreurs du passé et de la belle histoire du futsal et de ses valeurs. Trop tard. Il n’a qu’à faire ce qu’il veut, au risque de n’attirer que de vulgaires consommateurs, et de faire fuir les vrais passionnés ».
Mais s’il fallait le désigner nommément, qui serait ce Futsalix au final ? Nous, nous le savons peut-être (et encore) mais ne vous livrerons pas le(s) portentiel(s) coupable(s) sur un plateau. Trop facile. Ceux qui ne respectent pas le futsal comme une discipline à part entière, tout simplement. Cela c’est sûr. Ceux qui mettent aux abimes l’histoire pour écrire un avenir peu glorieux et nous prennent tous en otage. Ce sont ceux qui veulent créer et renforcer ce futsal business sans aucune valeurs, mais aussi ceux qui l’alimentent en même temps sans broncher… Un peu tous responsables non ? Oh oui, nous avons une certitude: Nous sommes en France: et en France, le futsalix, ce sera toujours l’autre...