Coup de tonnerre dans le monde du futsal : le Tribunal Administratif de Paris, dans sa décision du 14 février 2019, a donné raison au club de Garges Djibson Futsal (D1), qui obtient la reconnaissance du statut de club formateur, impliquant ainsi le droit de toucher une indemnité de formation sur le transfert de l’ex-futsaleur Wissam Ben Yedder (en photo). Une décision qui devrait – à n’en pas douter – faire jurisprudence et profiter ainsi à l’ensemble des clubs de la discipline. Pour l’occasion, France-Futsal a recueilli les impressions du Président de Garges Djibson, Moussa Nianghane.

Rappel des faits: c’est sur son site internet que le cabinet d’avocat parisien Bertrand, mandaté par le Garges Djibson ASC , club de D1 Futsal, vient de publier une information de taille pour notre discipline, et non des moindres: la reconnaissance par le Juge Administratif reconnaissant la qualité de club formateur aux clubs de futsal.

Purement ignorées ou rejetées par la FFF, les demandes de Garges Djibson à être reconnu comme club formateur était pourtant ô combien légitimes, concernant notamment le cas particulier du transfert en juillet 2010 de Wissam Ben Yedder de Garges au club de football du Toulouse FC, puis à celui du FC Séville (Espagne). Le transfert du joueur, devenu footballeur professionnel, évoluant aujourd’hui en Liga – et parmi les meilleurs buteurs français actuellement à l’étranger -, n’avait donné droit à aucune indemnité de formation en faveur du club gargeois. Ce qui annihilait par la même occasion le travail de ses éducateurs, et donc, in fine, sonnant comme une non-reconnaissance de l’apport du futsal dans la formation « footballistique » du talentueux joueur qu’est Wissam Ben Yedder. Cette décision n’est donc que pure logique, les règlements généraux de la Fédération stipulant dans ses règlements généraux de ‪2009-2010‬ (que nous sommes allés vérifier), qu’aucune distinction ne devait être faite sur le caractère d’un club formateur en football ou en futsal. C’est ainsi que Garges Djibson – et tout club de futsal – pourra recevoir des indemnités de transfert, et ce, à juste titre.

FF: Président Nianghane, bonjour. Comment avez-vous accueilli la décision du Tribunal Administratif de Paris en faveur de votre requête ? Quelles sont vos impressions ?

Moussa Nianghane: « Il s’agit d’une très grande satisfaction pour le club et tous ses dirigeants, qui ont consenti beaucoup efforts, qui-rappelons-le restent bénévoles. Cette décision est juste. »

FF: Pensez-vous que cette décision sera rétroactive et pourra profiter à l’ensemble des clubs de futsal ?

MN: « Cette décision n’est pas qu’une victoire pour Garges mais pour l’ensemble des clubs de futsal que j’encourage vivement à faire valoir leurs droits légitimes en la matière. »

FF: Quelles ont été les embûches et obstacles auxquelles vous avez été confrontés ?

MN: « La procédure a été longue, et son déroulé a fait état du peu de considération qu’ont les instances pour le football amateur. En épuisant tous les recours amiables, une stratégie de découragement moral et financier était mise en place.  En témoigne l’affaire en cours concernant la finale de la Coupe de France 2018 de laquelle nous avons injustement été exclus. Nous ne serions pas étonnés que cette décision du Tribunal Administratif soit frappée d’appel. Wait and see! »

FF: Pourquoi la Fédération ne vous a t-elle tout simplement pas écouté et fait respecter un règlement pourtant très clair ? Pourquoi en arriver au Tribunal ?

MN: « Je ne comprends toujours pas, et je ne cherche plus à comprendre pourquoi la Fédération n’a tout simplement pas fait respecter ses règlements.  Et ce malgré toutes nos tentatives de règlement à l’amiable, nos relances restées vaines. Nous nous savions être dans notre droit, et pour tous, le club, les bénévoles, nos licenciés nous avions le devoir de poursuivre malgré les difficultés rencontrées. »

FF: Quel est le pourcentage sur un montant de transfert auquel pourra prétendre tout club de futsal désormais ?

MN: « Cela dépend de différents paramètres et barèmes et ne se réfère pas à un pourcentage du montant du transfert. Dans notre cas, il n’y a même pas eu de transfert. C’est un mécanisme complexe que les initiés sauront vous expliquer. »

FF: Comment un club de futsal devrait-il faire valoir dans les faits son rôle de club formateur lorsque l’un de ses jeunes est transféré vers un club de foot à 11 ? Qu’en est-il du transfert vers un autre club de futsal ? La donne va t-elle changer vers plus de transparence ?

MN: « Les textes de la Fédération sont très clairs là-dessus et chacun peut s’y référer. Peut-être aurions-nous des transferts en futsal lorsque celui-ci deviendra professionnel ? »

FF: N’auriez-vous pas préféré une action collective et un soutien de l’ensemble des clubs de futsal sur ce type de procédure ? Avez-vous eu un soutien ? A l’avenir, faudra-t-il des actions ciblées comme la vôtre, ou une union des clubs de futsal devra t-elle être la règle ?

MN: « Il ne s’agit en réalité pas d’une action isolée. L’action pour la finale de Coupe de France et celle pour la reconnaissance du statut de club formateur permettent l’actualisation des règlements et profiteront ainsi à tous. Pour le reste, on verra ce que nous réserve l’avenir. »

Merci Président Nianghane du temps accordé aux lecteurs de France-Futsal.

Crédit photos : Garges Djibson