Cela n’aura pas échappé aux fans de futsal la semaine passée : nos voisins belges ont réussi l’exploit de se hisser à la première place de leur poule du tour préliminaire de qualification pour la Coupe du Monde de Futsal, qui, rappelons-le, aura lieu en 2020 sur les rives de la Baltique, en Lituanie. Après deux victoires, les mini diables rouges se sont imposés 8 à 5 face à la Suède, s’offrant ainsi un ticket mérité pour faire partie du tour principal, qui aura lieu en octobre 2019 … en France, en compagnie de la Serbie, de la Suisse et de … la France !

Enjeu de ce tour principal : obtenir l’un des deux tickets gagnants pour le tour élite. L’occasion a été toute trouvée pour France-Futsal d’aller interroger le charismatique – et passionnant – sélectionneur de la Belgique, Luca Cragnaz, pour présenter sa sélection et l’exploit qu’elle vient de réaliser.

FF: Luca. Bonjour. Ca y est c’est fait ! Toute l’équipe de FF vous félicite. Vous avez atteint l’objectif annoncé d’être premier de votre groupe ! Pour qui ont été dirigées vos premières pensées à l’issue du coup de sifflet final ?

Luca Cragnaz: « Merci pour vos félicitations, mes premières pensées auront été pour ma famille, ma femme, mes filles qui me soutiennent dans mon métier et ma passion même si ce n’est pas toujours facile pour elles avec l’investissement que mon poste requiert.

J’ai eu aussi une grosse pensée pour mon président qui était avec nous en Suède et qui était resté couché pendant 2 jours avec 40 degrés de fièvre. Même dans cet état, il est venu voir le match contre la Suède, qu’il ne voulait rater pour rien au monde. Pour tout ce qu’il fait pour le futsal, il méritait cette victoire et cette première place ».

FF: Après 2 victoires dans votre groupe, comment avez-vous abordé votre troisième match face à la Suède, et comment expliquez l’entame difficile de votre équipe (menée 2 à 0 par les suédois) ?

LC: « Nous avons abordé notre 3ème match de manière très sérieuse, nous savions que l’adversaire allait être survolté par les 2000 supporters présents et allait commencer le match à 200 km/h, mais ils ont commencé à 2000 km/h avec 2 buts en 4 minutes. »

FF: Quel aura été le mot d’ordre donné pour revenir au score, notamment pour venir à bout du verrou suédois, emmenant notamment les réalisations de Dujacquier et Diniz, qui ont clairement relancé les mini-diables ?

LC: « Au temps mort, j’ai demandé à mes gars de rester calme de suivre notre plan de jeu établi, nous savions que la Suède ne pouvait continuer à ce rythme tout le match. J’ai demandé d’être patient et de laisser passer l’orage et qu’ensuite nous allions avoir des possibilités de revenir dans le match. »

FF: Quel état d’esprit aura été insufflé à la mi-temps, avec pour finir ce score de 8 à 5 au coup de sifflet final ?

LC: « Avec un résultat de 3-3 à la mi-temps et compte tenu du début du match des suédois, nous étions satisfait, il fallait réajuster quelques paramètres pour faire un bon début de 2ème mi-temps, ce que nous avons fait en menant rapidement 3-5 à la reprise. Dès lors nous avions le match en main et il restait à bien le gérer ce que nous avons fait. »

FF: Quels auront été les difficultés qui auront été posées par cette surprenante équipe suédoise, qui, soulignons-le, avait également obtenu 2 succès dans cette poule ?

LC: « Il faut être conscient qu’il n’y a plus de match facile au niveau international et la Suède est une nation montante dans le futsal, Matija Dulvat, le sélectionneur croate des suédois réalise du très bon travail, parallèlement le championnat national se structure aussi, je pense que le futsal suédois a encore de belles heures à vivre dans le futur. »

FF :  5 buts de Lucas Diniz en trois matchs, avec un doublé face à la Suède. Un triplé de Dujacquier sur ce dernier match également. La paire Diniz-Dujacquier est t’elle clairement vôtre atout numéro un aujourd’hui ?

LC: « Tout le monde connait la force de frappe de Dujacquier, Lucas pour son premier tournoi officiel avec la Belgique a démontré tout son talent devant le but adverse, mais le plus important pour nous c’est que le danger peut venir de beaucoup de joueurs et notre jeu ne se base pas sur un ou deux joueurs mais sur une somme d’individualité qui met son talent au service du collectif. »

FF : De manière générale, comment jugez-vous la progression de la sélection belge ces dernières années ? Après avoir déjà atteint par deux fois le tour principal, 2019 n’est t’elle pas l’année de la qualification? Au vu de votre excellent parcours dans ce groupe et plus généralement de l’enthousiasme dégagée par votre sélection, votre objectif est-il bien celui au Tour Elite ?

LC: « Après deux saisons d’évaluations, nous avons tiré les leçons et mis en place, cette saison, des critères qui sont importants à nos yeux pour évoluer au niveau international et en fonction de ces critères nous avons effectués notre sélection et choisit les joueurs qui pour nous forment la meilleure équipe, tout en sachant que ce ne sont parfois pas les 14 meilleurs joueurs qui forment la meilleure équipe. Ne nous voilons pas la face, notre objectif est de nous qualifier pour le Elite Round. « 

Q : La Suisse s’est qualifiée pour la première fois au tour principal après sa victoire 4 à 1 face à l’Ecosse. La France disputera son 3ème tour principal après avoir été directement qualifiée. La Serbie, quant à elle, a déjà été huitièmes de finaliste à la Coupe du Monde 2012. Au vu des équipes qui seront présentes dans votre poule en octobre au tour principal, que vous inspire les équipes en présence (Serbie, France, Suisse) ? Que connaissez-vous de vos adversaires ? La Serbie est t’elle clairement favorite pour le tour Elite ?

LC: « Pour moi, le favori de ce tournoi sera la France, vu le niveau auquel elle joue actuellement et devant son public, ils se doivent de terminer premier du groupe et de battre leurs trois adversaires.

Nous ne partirons pas favori face à la Serbie, habituée des phases finales et la France qui évoluera à domicile, la Suisse n’aura rien à perdre et jouera certainement le coup à fond sous la houlette de son sélectionneur Joao Freitas Pinto qui a réussi le pari de les qualifier pour le Main Round. Je nous considère comme un bon outsider, je sais aussi que personne ne nous prendra à la légère.

Je connais ces trois nations et nous avons encore quelques temps pour les analyser en profondeur, je suis un féru de futsal et il m’arrive de regarder plusieurs matchs par semaine mais le plus important à mes yeux c’est mon équipe, c’est de continuer à bien travailler et progresser pour être au top en octobre. »

FF : Après s’être dévoilée au dernier Euro en Slovénie – notamment face à l’Espagne – l’équipe de France, qui sera l’un des adversaires de la Belgique au Tour Principal, suscite beaucoup d’espoirs dans notre pays. Comment jugez-vous l’évolution de l’équipe nationale française ces dernières années ?

LC: « Ces dernières saisons le futsal français a connu une ascension impressionnante, l’équipe de France, en bon porte drapeau, a réussi de très bons résultats et à participer au dernier championnat d’Europe en Slovénie où il s’en est fallu de peu pour qu’elle se qualifie pour le second tour. Le championnat national aussi est en évolution, on sent bien aussi la volonté de la fédération de développer la discipline, il suffit de regarder le superbe outil qu’est le pôle France pour les jeunes futsaleurs français, un vivier dont le futsal français récoltera les fruits dans les années futures. »

FF : Ne jugez-vous pas le système de qualification quelque peu trop complexe et long ? Est-ce qu’il vous convient ? (ndlr : Tour préliminaire pour certains pays, puis Tour Principal, puis Tour Elite). N’aurait-il pas mieux valu un système sous forme de championnat « régulier » ?

LC: « Cela ne me dérange pas du tout de jouer un tour préliminaire, cela nous fait des matchs officiels en plus, ce qui nous permet d’emmagasiner de l’expérience des matchs à enjeu. Il est vrai que le chemin jusqu’à la qualification est long mais il n’y a que six places, vu que la Lituanie organise la Coupe du Monde 2020 et il y a de plus en plus de nations qui participent aux qualifications, ce qui prouvent l’évolution du futsal en Europe.

Pour ce qui est de la formule de championnat, elle sera d’application à partir du Main round pour les qualifications de l’Euro 2022, cette formule a en effet beaucoup d’avantage notamment celui de jouer la moitié des matchs à domicile. »

FF : Quels seront les atouts et qualités que votre sélection devra faire valoir pour atteindre le Tour Elite, et réaliser l’exploit d’être présente en Lituanie en 2020 ?

LC: « Il faudra être prêt au niveau physique, prêt à batailler pendant 120 minutes. Mes joueurs m’ont montré en Suède qu’ils ont beaucoup de maturité et qu’ils savent ce que signifient le mot groupe. Au niveau qualité et talent pur, je pense que nous ne devons rien à personne. Les paramètres les plus déterminant seront le physique et la mentalité. »

FF : Votre pronostic ? Que pensez-vous que Belgique et France sauront arracher leur ticket pour le Tour Principal ? (rires)

LC: « Je signe à deux mains pour une telle issue avec la Belgique première du groupe et la France deuxième, à savoir que la France n’a encore jamais battue la Belgique en futsal, espérons pour nous qu’il en soit de même après le Main Round (? ? ? ?) »

FF : Permettez-nous, afin de mieux vous connaitre, de répondre rapidement aux questions ci-dessous, sans réflechir (rires) :

  • Votre club de futsal préféré (hors de Belgique bien sûr ?) : Inter Movistar.
  • Pour vous, qui est le meilleur joueur de futsal du monde : Ricardinho.
  • Pour vous, qui est aujourd’hui le meilleur gardien du monde : Higuita, il est complet avec son jeu au pied.
  • Votre plat préféré : Churrasco com picanha.
  • Votre chanson préféré : We are the Champions (the Queen).
  • Votre film préféré : L’enfer du dimanche (Oliver Stone, en 1999).
  • Selon vous, comment doit-on logiquement prononcer « 70 » : soixante-dix ou septante-dix ? Mais voyons SEPTANTE bien sûr ?? ?.

L’avis de France-Futsal:

Simplicité et humilité, tels sont les apanages d’un attachant coach de Belgique disponible, enthousiaste, et n’ayant pas hésité une seule seconde à répondre à nos questions. En toute transparence. A la rédaction de FF, nous pensons que la Belgique est effectivement loin d’être un simple outsider, et qu’au vu des prestations de l’équipe et du charisme de son coach, cela ne serait pas du tout une surprise (loin de là) de retrouver les Rouges en Lituanie. C’est en tous cas tout le mal que nous souhaitons à l’équipe coachée par Luca Cragnaz … en compagnie de la France bien sûr ?. A ce beau pays de Lituanie qui nous fait tant rêver, composé de septante et un circonscriptions au bord de la Baltique …?.

Source photo: URBSFA

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