Entretien exclusif avec Jesus Azurmendi, entraîneur espagnol du C’West Nantes qui a récemment annoncé qu’il quittera le club à la fin de la saison. Il se confie sur sa longue expérience sur le banc débutée en Espagne, son séjour en France depuis maintenant six saisons et son avenir qu’il aimerait poursuivre dans l’Hexagone…mais pas à n’importe quel prix.

Bonjour Jesus, pouvez-vous vous présenter  ?

« Je m’appelle Jesús Azurmendi Fernández, j’ai 43 ans et je suis un humble entraîneur espagnol. Vingt-quatre saisons d’expériences sur les bancs sont derrière moi, dont dix-huit dans le futsal espagnol où j’ai travaillé dans toutes les catégories sauf en Ligue 1, et les six dernières saisons en France à Ligue 2. Je me qualifierai comme un entraîneur très respectueux du jeu car l´expérience m´a fait comprendre que le jeu existait déjà avant les entraîneurs et que le jeu n´est de personne, en tous cas ce serait des joueurs qui sont les vrais protagonistes. Je suis un technicien qui vois le jeu comme un tout inébranlable impossible de le séparer ni de le diviser, avec une méthodologie propre et différente ; je travaille avec un processus d´auto-modélisation spécifique pour faire grandir les équipes à partir d’elles-mêmes (concept auto-poétique adopté) j’entraîne seulement le jeu, notre jeu, parce que TOUT est dedans. Je suis très exigeant et professionnel par nature, principalement avec moi-même et, pour émergence, avec mon entourage. »

Que signifie le futsal pour vous et comment le gérez-vous au quotidien avec vos proches ?

« Le futsal pour moi est la chose la plus importante des choses moins importantes de ma vie. Avant tout il y a la famille et la santé, le futsal est ma deuxième passion. Je suis marié et chef d´une famille avec 3 filles (24 ans, 16 ans et 1 an) donc à domicile je joue tout le temps en infériorité numérique (rires) ! Mais j´ai la chance que ma femme adore le futsal, on est ensemble depuis 26 ans et possiblement elle a vu et a vécu plus de futsal qu’une grande partie des joueurs des championnats français. On regarde ensemble les matchs de la LNFS, elle est supportrice de l´Inter. J´ai vraiment de la chance parce que dans ma famille respire futsal. Ma grande fille joue à foot et à futsal depuis qu´elle est petite, elle joue très bien mais maintenant elle ne joue pas à grand niveau parce qu´elle fait ces études en Espagne. En définitive, mes deux passions jouent ensembles. »

Comment avez-vous commercé votre histoire avec le Futsal (Votre parcours, vos expériences) ?

« J´étais très petit lorsque l´on jouait à foot tout le temps dans la rue. Quand j’avais 10 ans, la mairie a construit une installation sportive avec deux terrains de futsal dans notre quartier, c’est là où a tout a commencé. L´équipe de futsal de ma ville jouait en Ligue 1 et son président a décidé de construire des écoles de futsal qui étaient entraînées par les joueurs de l´équipe 1 (des Brésiliens, etc..). J´avais la chance d´avoir eu de très bons entraîneurs à cette époque. Plus tard, à mes 14 ans je suis parti faire du foot à l’extérieur où mon parcours a été très intéressant ; j´ai débuté avec de numéro 10 en Troisième Division nationale à mes 16 ans mais avec cet âge, je n´étais pas conscient de la réalité et beaucoup de fois je ratais l´entrainement de foot pour aller jouer au futsal (le poison était déjà trop en moi). Le futsal espagnol grandissait et l´équipe de ma ville restait en Ligue 1, ils jouaient contre l’Inter, El Pozo, etc… Donc, mon addiction était encore plus grande chaque weekend lorsque je voyais les meilleurs joueurs du monde. Grâce à cela, la culture du futsal est bien ancrée dans ma ville. Je jouais à foot 11 et au futsal et parfois je m’entraînais avec l´équipe 1 de futsal mais malheureusement, le service militaire était obligatoire à cette époque et j´ai dû le faire. Et j´ai donc dû arrêter de jouer pendant toute cette période. Quand je suis revenu, un ami à moi m’a proposé de prendre une équipe U14 de notre quartier qui jouait un tournoi local de futsal et voilà : vingt-quatre ans après, je suis encore là ! »

Après deux saisons à l’UJS et quatre au C’West, quel est votre bilan de ces six années passées en France ?

« Je trouve que le bilan est positif même si, dans aucun des deux clubs où j´étais, je n´ai pas pu terminer mon travail à cause des histoires extra-sportives. Malgré tout, je suis satisfait de ma performance. À mon avis, ces deux clubs ont bien grandi grâce à mon travail. Au niveau personnel, je suis aussi satisfait de ce qu´ils m’ont apporté, l´expérience a aussi été enrichissante pour moi. Ça m´a servi pour bien connaitre le futsal français, les choses positives et les choses négatives. »

Maintenant vers quel projet pourriez-vous vous orienter ?

« Vers le projet le plus ambitieux possible, j´aimerais bien travailler avec une grande équipe car durant ces six dernières saisons en France, j´ai travaillé dans des contextes très amateurs, très différents de là où je venais en Espagne et, honnêtement, en ce moment ça me manque de pouvoir travailler dans un milieu professionnel ou semi-pro, où le niveau d´exigence est élevé pour tout le monde : joueurs, staff et dirigeants. C´est uniquement l´exigence qui te fait grandir, et franchement ça me manque. De toute façon je sais où j’en suis, donc je suis aussi ouvert à des clubs qui ne sont encore pas grands mais qui ont la véritable envie de grandir et un vrai potentiel pour le réussir. Mais cela doit être très clair, le projet doit vraiment être ambitieux, sinon je n´accepterai jamais. »

Quelles sont vos exigences et le message que vous souhaiteriez passer aux clubs qui nous liront ?

« D´abord, comme je viens de le dire, il faut avoir un très bon projet sportif. A partir de là, je peux dire que je me considère comme une bonne option car je connais bien le Championnat français où je me suis bien adapté depuis six ans. Je parle un peu français (pas trop bien mais suffisamment pour me faire comprendre dans mon travail). Je suis une garantie de professionnalisme, de sérieux, de travail, d´ambition… C´est pour ça que j´ai besoin de travailler avec des joueurs sérieux et réceptifs, avec la vraie ambition de grandir chaque jour. Si l’environnement dans et autour du club est contraire à ce que j’exige, honnêtement, il est préférable de ne pas me contacter. »

Après l’annonce de votre départ la semaine dernière tout juste, avez-vous eu d’ores et déjà une ou des offre(s), des contacts avec des clubs en France et/ou à l’étranger ?

« Heureusement oui ! Dix minutes après mon annonce, j´avais déjà eu deux contacts sur mon téléphone plus un troisième qui voulait se renseigner un peu sur mes prétentions. Deux jours après, j´avais déjà quatre clubs vraiment intéressés par mon profil. Honnêtement, c’est quelque chose de réconfortant. Certains montrent plus d’intérêt que d’autres et sont aussi plus ou moins actifs. Mais de toute façon, il est encore tôt, sauf si je trouve une très bonne proposition. Actuellement, je n’ai donc rien décidé et je reste bien sûr ouvert à d’autres propositions. On va continuer à les étudier, voir les projets de chacun et être encore un peu patient. Il ne faut pas se précipiter. Peut-être que d’autres clubs vont venir me contacter car je sais que les Championnats ne sont pas encore terminés. Et même, je n’exclurais pas la possibilité de retourner en Espagne, on ne sait jamais. »

Nous vous laissons conclure cet entretien exclusif…

« Je vous remercie de votre intérêt mais surtout du travail que vous faites à travers votre site et les réseaux sociaux, le futsal français avait et a besoin de vous. Bravo !!! Je veux aussi remercier les personnes et tous leurs messages de soutien que j´ai reçu ces derniers jours. Et je voudrais profiter pour remercier aussi mon club C´West Nantes qui, malgré une saison très difficile, continue à montrer du sérieux avec ses responsabilités. De plus, je le remercie de m´avoir facilité les démarches, notamment pour annoncer mon départ et pouvoir me projeter dans l’avenir, avec suffisamment de temps pour ne pas mettre en péril le bien-être de ma famille. »

 

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