Dans le cadre de notre rencontre cette semaine avec le président du Montpellier Méditerranée Futsal, Hamza Aarab, nous avons recueilli les impressions du président de MMF à propos de la suppression des play-offs, l’ANCF et de l’évolution du futsal en général. 

France-Futsal: En ce qui concerne la D1, comment avez-vous réagi quant à la décision de la FFF de supprimer les playoffs sans l’avis des clubs ?

Hamza Aarab : « Pour être franc avec vous et même si cela peut paraître dur, cela m’est complètement égal dans l’immédiat. Cela ne me concerne pas. Le MMF est en D2. Mais bien entendu que j’ai un regard sur la situation, en tant que président de club de D2. Il ne faut pas, à la limite, porter de grief à la FFF et ce, tant qu’il n’y aura pas une véritable organisation comme interlocuteur qui défendrait les intérêts des formations de D1 – mais aussi des autres, quel que soit le niveau – sur des décisions dont celles-ci que les clubs considèrent injustes. De plus, personne ne prend en considération ce que pensent les équipes en dehors de l’élite ».

FF: Que pensez-vous du niveau de représentativité des clubs de futsal auprès des instances fédérales, étant donné la longue période d’inactivité de l’ANCF ?

AA: « Pour dire clairement les choses, la représentation actuelle de l’ANCF (NDLR : l’Association Nationale des Clubs de Futsal, créée par plusieurs clubs de D1) est nulle, pour ne pas faire de la langue de bois, ni de politique politicienne. Elle est détestable. Et il ne s’agit pas là d’un constat dû à des désaccords personnels. Il ne s’agit que du fond et d’un simple constat. Les débats que nous avons eu lors de la création de cette association ont fait émerger une volonté de créer une véritable force qui puisse agir sur plusieurs problèmes constatés dans le futsal de l’élite, être une sorte de lobbying. Le travail n’a pas été fait, en raison d’intérêts personnels et de la seule volonté d’être bien vu et de plaire à la Fédération, d’avoir les bons points avec les instances, plutôt que de travailler pour l’intérêt des clubs. Tant que l’on gère des clubs de futsal comme des MJC, tant que pour certains un club de futsal n’est qu’un outil politique au niveau local, tant que le cap d’une volonté de rendre professionnels les clubs de futsal ne sera pas atteint, nous n’irons pas loin. Quand les clubs de D1 se prendront au sérieux, la FFF pourra les regarder d’un autre oeil. Dire par exemple que certains clubs de l’élite donnent encore des sandwiches dans des sacs plastiques dans les vestiaires après-match, cela n’est plus sérieux. »

FF: A la lumière de votre constat, que proposez-vous concrètement aujourd’hui, en tant que président du MMF, pour que le futsal français évolue et se structure et que tout aille mieux ?

AA: « La solution doit venir d’en bas, des clubs eux-même. Je n’ai pas la prétention d’organiser le futsal français. Un véritable rôle aurait pu être joué par l’ANCF et elle ne l’a pas fait. Nous lui avions proposé, à notre initiative, d’organiser des cliniques de formation auprès des clubs (tables rondes, échanges d’expérience). Il faudra nécessairement prendre conscience de l’intérêt de la discipline avant celle des clubs. Cela passe par une structuration interne de chaque club, le développement du futsal dans sa propre ville via des médias locaux et les étapes du développement ne feront que suivre. Tout club devra être nécessairement impliqué. »

FF: Au vu la carence de l’ANCF que vous nous avez présenté, pensez-vous que cette association doit continuer à exister ? Sinon, doit-être réformée ou bien dissoute pour recréer une autre association ?

AA: « Je pense qu’il faudrait immédiatement convoquer une assemblée générale extraordinaire de l’ANCF. Il faudrait intégrer d’autres clubs que ceux de D1 car c’est l’intérêt de la discipline qui prime, et non pas ceux de quelques-uns. La preuve en est aujourd’hui que certaines clubs parmi les fondateurs ne sont plus en D1 et font toujours parti de l’association, étant juridiquement impossible de les enlever, alors que des clubs de D2 sont en D1 désormais. Mon avis est donc que l’ANCF soit reprise ou récréée, peu importe. Qu’elle parte de la base (en prenant en compte tous les clubs voulant travailler pour l’intérêt de la discipline), que ce soit en R1, en R2, en R3 (ou en District), pour entraîner ainsi une nouvelle réflexion (aide à la structuration de clubs etc.) et une nouvelle dynamique. Pourquoi ne pas intégrer des personnes ne provenant pas d’un club ? Déjà que certains n’ont pas assez d’énergie pour bien structurer leurs clubs… Et pourquoi ne pas intégrer certains présidents de clubs régionaux, ayant peut-être moins de charges de travail que dans un club de D1 ou D2 ? Telle qu’elle est actuellement, et depuis deux ans, l’ANCF ne sert à rien, n’existe pas à mes yeux. En tant que vice-président de cette association, je le demande aujourd’hui : quel est le bilan de cette association ? Je demande depuis un an une assemblée générale qui m’est refusée. Cette association ne bouge pas, et certains l’utilisent pour leur propre intérêt personnel. Avec quel bilan ? Si celui-ci est positif, rien à redire. S’il n’y a pas de bilan, c’est que rien n’a été fait. Il va falloir revoir tout cela. »

FF: L’année 2018 est une année prometteuse, avec une équipe de France qui a montrée de belles choses à l’Euro en Slovénie en février dernier, qu’avez-vous à dire sur cette équipe de France et l’impulsion voulant être donnée par la FFF pour faire connaitre le futsal français sur la scène internationale ?

AA: « En considérant le futsal comme une priorité fédérale –au même titre que le futsal féminin-, je trouve que la Fédération n’en fait pas assez. Il n’y a, à mon sens, pas de réelle volonté politique fédérale de développer et professionnaliser le futsal. Concernant l’équipe de France, il y a, il est vrai, une volonté du staff de vouloir réaliser de belles choses, mais je pense qu’il est limité « futsalistiquement » parlant lorsque l’on voit les matchs de notre équipe nationale, même s’il y a une très bonne génération sur le terrain. D’où la question : est-ce l’équipe de France ou les clubs qui ont fait ce travail ? Il faut rendre aux clubs ce qui leur appartient. La seconde chose est de savoir s’il existe une volonté politique au niveaux des Districts et des Ligues de développer les catégories jeunes en futsal. Nous n’avons pas de Championnats Futsal jeunes ici en Occitanie. Comment pourra t-on développer des équipes de France U15, U17 s’il n’y a pas de Championnats futsal ? Le futsal est-il un dérivé du football ? Ou une discipline à part entière ? Derrière les résultats prometteurs de l’équipe de France, c’est à toutes ces questions que la FFF devra répondre et que nous devons clarifier avec elle. Si la Fédération prend aujourd’hui seule les décisions, elle devra prendre en compte la démocratie et la voix des clubs dans ses prises de décisions. Quels moyens vont-ils mettre en place ? Est-ce que le fait que la Fédération ait créé une sélection U19 doit cacher la forêt ? Cela n’est pas sérieux. De nombreuses questions doivent être posées : le prix de la licence club, les frais kilométriques, l’intervention fédérale face aux problèmes de créneaux auprès des mairies pour que le futsal soit plus pris au sérieux… De très très nombreuses questions à poser aux dirigeants de la FFF afin de jauger de leur véritable volonté de développer la discipline ou bien s’il ne s’agit que de la communication. »

FF: Nous vous laissons conclure. Comment voyez-vous l’avenir du MMF et plus généralement du futsal français ?

AA: « Cela fait des années que nous travaillons au sein du MMF, même si certaines de nos ambitions ont pu être freinées injustement. Bonne nouvelle pour le club, un Palais des sports à Montpellier sera entièrement attitré au futsal et au MMF. Notre mairie met les moyens et a alloué 4 millions d’euro pour mettre la salle Pierre de Coubertin aux normes, avec nos propres espaces VIP, ce qui est primordial pour développer toutes nos sections. Il faut mettre la barre haute et se surpasser pour être meilleur qu’hier. Ce qui implique du travail. Nous travaillons pour construire un grand club et non pas une grosse équipe. Concernant le futsal, tout dépendra de la volonté de la Fédération. Dans cinq ans, nous pourrions remplir des Palais des sports en France. Il y a aujourd’hui plus d’intensité et de spectacle au futsal qu’au football, et nous pourrons, je pense, facilement passer devant un sport d’intérieur comme le handball en terme d’affluences.

Pour terminer, salutations à toute l’équipe de France Futsal ! ».

M.S.

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