Après un an d’existence, le prometteur Championnat d’Algérie de Futsal, lancé en grande pompe par la Fédération Algérienne de Football la saison passée, reprend ses droits au début du mois de novembre prochain pour la saison 2018-2019. L’occasion pour France-Futsal.com de dresser le bilan de ce premier exercice écoulé.

De la passion et de l’enthousiasme au rendez-vous…

Cette première mouture du championnat algérien 2017-2018 a été –sportivement parlant– complètement au rendez-vous: du spectacle, des clubs sur un aussi grand territoire qui auront répondu présent et un bouquet final en apothéose pour un beau champion en la personne du MC Bejaia, double vainqueur Championnat-Coupe. Une finale de coupe qui ira jusqu’à être retransmise en direct à la télévision nationale, chose pas (encore) imaginable au pays du coq aux deux étoiles. Côté terrain, un bilan très positif donc, compte tenu du travail remarquable de présidents de clubs et de bénévoles passionnés, aussi soucieux les uns que les autres à doter le pays des fennecs d’un championnat de qualité, et à terme, d’une équipe nationale capable de rivaliser avec les meilleurs nations africains.

… qui se heurtent à l’immobilisme et à l’inertie des instances

Seulement voilà, ce constat idyllique du beau portrait cache de très nombreuses défaillances, et de taille. La Ligue Nationale de Futsal (LNF), lancée en grande pompe par la FAF (ndlr: la Fédération Algérienne de Football) est, d’après l’avis de certains observateurs joints par nos soins, complètement sous tutelle, avec des moyens d’actions plus que limités, même si les efforts de son président – Djamel Zemmam – sont dans le même temps loués par de nombreux clubs. Alors qu’il aurait fallu se baser sur les modèles espagnol, italien ou portugais, avec des Ligues nationales autonomes et aux moyens d’actions élargies, l’Algérie s’est engouffrée dans un centralisme étouffant avec une Ligue de Futsal totalement dépendante de la FAF, donnant des signes préoccupants d’immobilisme. A l’heure où cet article est écrit, aucune mention du futsal n’est à ce jour faite sur le site de la Fédération algérienne (www.faf.dz).

Problèmes de considération donc, avec des primes de participation à la Coupe Nationale versées très tardivement aux clubs (signées fin août), et d’un montant – selon nos sources – bien insuffisants. Malaise donc du côté des clubs, allant même jusqu’à l’absence de certains de la réunion des clubs organisés par la LNF les 26 et 27 septembre derniers à Alger.

Formation et transfert de compétences demandés par les clubs

Les clubs algériens, aussi valeureux et méritants les uns que les autres, ne demandent en réalité pas grand chose : une véritable volonté des instances de développer le futsal de manière collégiale, un réel accompagnement pour développer et structurer la discipline ainsi qu’une prise en charge de la FAF pour accélérer les formations des arbitres et entraîneurs. D’après nos informations toujours, plusieurs initiatives émanant de présidents de clubs algériens, entraîneurs et joueurs évoluant dans des Championnats étrangers auraient vu le jour, visant à établir des ponts avec la FAF via la LNF pour apporter leur expérience et savoir-faire, en vain. Alors que de nombreux clubs restent demandeurs, c’est la sourde oreille du côté des instances et notamment de la FAF, quitte à mettre le futsal loin des priorités.

Peu de moyens, peu de visibilité… le règne de la débrouille

Comme dans d’autres pays, le futsal algérien n’échappe pas à la règle du dicton « pas de créneaux, pas de subventions, pas de sponsors, pas de visibilité« .  Due à la non-médiatisation du futsal par la FAF, livrant la LNF à ses maigres moyens, rares sont les sponsors et partenaires souhaitant miser sur des clubs de futsal pour asseoir leur notoriété, hormis les quelques gros du championnat tels que MC Bejaia et Constantine par exemple. En effet, le futsal algérien est loin d’être connu et reconnu, alors qu’une médiatisation de cette discipline, dans un pays aussi féru de ballon rond, ne pourrait être qu’exponentielle. Du côté des APC (équivalents des mairies), même son de cloche, avec de très petites subventions pour des clubs de l’élite, et certaines collectivités qui freinent l’accès à des créneaux, ne permettant ainsi pas aux clubs de développer des sections jeunes par exemple.

Du développement des clubs à l’équipe nationale, encore du chemin à faire…

L’information aurait pu passer inaperçue, mais elle était bien écrite, noir sur blanc, dans les colonnes de la Gazette du Fennec datée du 27 juin dernier (https://bit.ly/2zFTKXb) : « la sélection nationale bientôt mise sur pied« . Dans le compte-rendu de la DTN du 24 juin, il est question de doter l’Algérie d’une sélection nationale, toujours absente aujourd’hui des compétitions internationales. A l’heure où le voisin marocain va organiser la prochaine Coupe d’Afrique des Nations dont il est le détenteur actuel, la FAF est malheureusement – force est de le constater – loin du compte et se trompe à coup sûr de stratégie : former un futsaleur prend du temps (le futsal étant une discipline à part entière), et il ne suffira pas de mettre des footballeurs à 11 sur un terrain réduit pour espérer faire bonne figure.

Si le recours à des « Algériens de l’étranger » pourra n’être que profitable au demeurant, il faudra nécessairement que la FAF se base sur ses clubs et ses joueurs locaux, au risque d’un avenir sombre et d’une équipe nationale qui stagnera inévitablement. Pour cela, elle devra donner plus de marges de manoeuvre à sa Ligue Nationale de Futsal, avec plus de moyens aux clubs de l’élite et au niveau local pour se structurer et se développer. Une équipe nationale victorieuse passera nécessairement par des clubs solides et structurés.

De nombreuses raisons d’espérer que l’Algérie devienne un grand d’Afrique

Si le futsal algérien n’en est qu’à ses balbutiements, force est de constater le fort potentiel du pays en la matière. Un pays jeune, des joueurs talentueux et une vraie volonté de développer la discipline au niveau des clubs. Pour cela, il ne faudra pas mettre « la charrue avant les boeufs », avancer patiemment, et que la FAF accepte d’écouter les requêtes et propositions des clubs, ainsi que les mains tendues depuis l’étranger. Il faudra aussi que la fédération -sempiternel problème quelque soit les pays – accepte de considérer le futsal dans ses spécificités, et non pas comme le parent pauvre du football. Car le futsal est ainsi : une magnifique discipline à part entière. C’est tout ce que nous souhaitons à nos amis algériens.

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