Le magazine espagnol Fútbol Táctico SALA s’intéresse de plus en plus au championnat français. Ce mois-ci, Manuel Moya est à l’honneur, entretien avec l’un des meilleurs entraîneurs de D1… Tout d’abord, comment en es-tu arrivé à entraîner en France? « Je suis arrivé en France il y a 4 ans à Cannes Bocca Futsal, une…
Le magazine espagnol Fútbol Táctico SALA s’intéresse de plus en plus au championnat français. Ce mois-ci, Manuel Moya est à l’honneur, entretien avec l’un des meilleurs entraîneurs de D1…
Tout d’abord, comment en es-tu arrivé à entraîner en France?
« Je suis arrivé en France il y a 4 ans à Cannes Bocca Futsal, une équipe de D1 où il y avait un projet intéressant sur 3 ans afin de développer le club, notamment sur le plan sportif et structurel. Après une première saison remarquable (vice-champion de D1 et finaliste de la Coupe de France), l’objectif était de finir champion. C’est pour que cela que le club s’est beaucoup renforcé à l’inter-saison. Mais en pleine préparation, le club a fait faillite et nous n’avons pas pu participer au championnat.
La majorité des joueurs ont réussi à signer dans d’autres clubs de D1 ou D2 française et d’autres sont repartis dans leur pays (Espagne et Portugal). Personnellement, j’ai poursuivi la saison avec l’Étoile Lavalloise. Grâce à un gros travail des dirigeants et des joueurs, nous avons obtenu la montée en D2. »
C’est donc cela qui t’a amené ensuite au Montpellier Méditerranée Futsal ?
« C’est effectivement à ce moment-là que les contacts avec Montpellier Méditerranée Futsal, alors en D2, ont commencé. Deux des joueurs que j’ai connu à Cannes évoluaient alors sous les couleurs montpelliéraines. Ils ont parlé de ma potentielle arrivée avec le président qui m’a à son tour exposé le projet du club. Dès notre première saison, nous nous sommes concentrés à poser les bases sportives pour atteindre nos objectifs. Nous avons réalisé une très bonne saison puisque nous avons obtenu la montée en D1 en terminant champion de D2.
À l’aube de cette saison 2016-2017, le club a décidé de recruter des joueurs d’expérience. Cela nous a permis de bien démarrer et d’être leader dès la 1ère journée. Aujourd’hui, nous sommes qualifiés pour les play-offs en compagnie de Garges, KB United et Béthune. »
Cette année, le club se bat pour le titre. Pensais-tu que cela serait possible aussi rapidement ?
« Honnêtement non. Nous ne pouvions pas garantir que les résultats allaient venir aussi rapidement et que nous allions nous qualifier pour les play-offs à 2 journées de la fin de saison. L’effectif a rapidement assimilé le travail demandé. Même avec les joueurs arrivés en cours de saison, l’équipe est bien et cela se ressent dans les différentes phases de jeu.
Les points forts de notre groupe sont sa force mentale et sa capacité à faire des sacrifices ce qui nous permet d’être la meilleure défense du championnat. »
MMF – KB United (février 2017)
Comment était le futsal français à ton arrivée ? Et comment a-t’il évolué ?
« Le futsal français est en constante évolution. Il y a 4 ans, peut-être que la tactique était un point faible du championnat. Les entraîneurs français ont beaucoup travaillé pour améliorer cet aspect et des entraîneurs comme Rafa Romero, Gonzalo Iglesias, Alberto Arteaga, Jesús Azurmendi, Eloy Alonso, Felice Mastropierro ou encore Hugo Sintra y ont également apporté leur pierre à l’édifice.
Aujourd’hui, ces progrès sont visibles et c’est ce qui explique également la hausse considérable du niveau. Certaines équipes comme le KB United et Garges qui jouent les premiers rôles depuis plusieurs saisons avec des joueurs de l’Équipe de France apportent une plus-value au championnat français. »
Qu’est-ce qui te surprend le plus ?
« Ce qui me surprend le plus est l’envie d’apprendre et de progresser. Les clubs veulent évoluer rapidement et la mentalité est très compétitive. La grande majorité des clubs veulent que notre sport grandisse. Ils ont pour exemple des pays comme l’Espagne, le Portugal ou l’Italie. Bien qu’ils savent qu’ils ne sont pas encore aussi bien structurés et que le niveau n’est pas le même, ils travaillent pour qu’année après année la différence soit de moins en moins importante. »
Au vu de votre saison, le club semble ambitieux. Quel sont les futurs objectifs ?
« Sur le long terme, nous souhaitons consolider notre projet initié la saison passée. Le club doit continuer de progresser dans tous les domaines. La communication est un bon exemple pour définir l’avancement du Montpellier Méditerranée dans le futsal français : le travail réalisé sur les réseaux sociaux a permis au club d’être un des plus suivis et visibles que ce soit pendant la saison ou lors des tournées internationales. Cela permet de toucher des gens qui ne connaissent pas forcément notre discipline et de les sensibiliser.
Personnellement, j’aurai un rôle important à jouer dans la formation interne des entraîneurs. Sportivement parlant, nous souhaitons devenir un club référence et pourquoi pas que notre projet soit un modèle à suivre.Le développement de notre sport en France dépend de chaque club et poussera la Fédération à mettre plus de moyens pour que notre championnat soit plus compétitif au niveau européen. Pour l’instant, nous avons l’exemple de deux clubs français qui ont participé au Tour Principal de l’UEFA Futsal Cup sans pour autant réussir à se qualifier.
Je pense que l’on est encore loin du niveau requis mais nous travaillerons pour. »
Qu’est-ce qui pourrait expliquer cet écart avec les grandes équipes ?
« Que cela nous plaise ou non, le fait que la majorité des clubs ne puissent pas s’entraîner plus de 3-4 fois par semaine nous pénalise au moment de rivaliser avec les plus grands championnats européens.
La professionnalisation de notre championnat à moyen-long terme pourrait réduire l’écart. La Fédération Française principalement à travers des chaines de télévision comme Canal+ ou BeIn Sport devrait accélérer la professionnalisation en accentuant la médiatisation. »
Comment s’organise votre préparation ?
« Pour comprendre notre organisation, il est important d’expliquer certaines choses. Tout d’abord, le championnat compte seulement 12 équipes, ce qui a un impact sur le calendrier de la compétition surtout dans la 2ème partie de championnat. Il y a parfois des « trous » dans le calendrier en raison des compétitions européennes internationales et des absences de matchs officiels ce qui a un impact direct sur l’organisation. Dans notre cas, nous réalisons des stages de préparation contre des équipes étrangères ou des sélections nationales pour combler ces « trous » et maintenir un état de forme compétitif. Par exemple, lors de l’avant-saison, nous avons participé à un tournoi international au Maroc lors duquel nous avons affronté le champion de Tunisie et des équipes de 1ère division locales ainsi qu’Itea Cordoba (Espagne) en finale.
Puis lors de la période hivernale, nous avons réalisé une tournée au Qatar pour y affronter à deux reprises la sélection nationale. Afin de nous préparer pour les play-offs, nous avons récemment affronté la réserve du FC Barcelone. »
MMF Qatar Tour – Décembre 2016
La composante tactique est-elle importante lors de tes entraînements ?
« Oui, mes entraînements sont principalement tactiques. Lors de nos 4 entraînements hebdomadaires, nous en profitons beaucoup pour travailler notre positionnement, les transitions, les situations défensives spécifiques ou les combinaisons sur coups de pied arrêtés.
Ensuite, l’objectif numéro un est que chaque joueur puisse être capable de s’adapter à tout élément nouveau afin de s’améliorer et d’améliorer le rendement de l’équipe.
La diversité des situations et l’exigence dans chaque exercice accentue l’intensité.
Cela favorise une concurrence saine au sein de l’effectif. Une grande partie de notre succès réside dans cette formule simple… »
Advertisements