L’Algérie, ce n’est pas seulement du football à 11. L’Algérie, c’est un pays fada de ballon rond, chacun le sait. Sur le continent, l’Algérie nourrit des ambitions, mais – cette fois-ci – pas sur ce gazon qui les a récemment menés sur le toit du continent.
Crédit photo : http://www.faf.dz
Cette fois-ci, c’est sur les parquets. Après presque 10 ans d’une regrettable absence, la « Khadra Futsal » est sur le point de renaître via l’impulsion de la FAF, entre espoir, amour du pays et énergies présentes sur les deux rives de la Méditerrannée. Aussi grâce à un homme de l’ombre et de coeur, qui depuis pas mal de temps déjà, oeuvre en silence pour écrire à nouveau les plus belles lettres du futsal algérien, lui qui aura déjà porté les couleurs de l’Algérie à maintes reprises en tant que capitaine; le capitaine d’une sélection qui existait déjà bien avant que ne soit créées bien des sélections européennes. Cet homme, c’est Abdenour Addani, qui a très chaleureusement et aimablement accepté de livrer à France Futsal sa vision et sa feuille de route tant attendu pour le développement du futsal algérien.
Monsieur ADDANI, bonjour. Nous vous remercions de votre disponibilité pour cette interview. Pourriez-vous vous présenter ainsi que votre parcours aux lecteurs de France Futsal ?
ADDANI Abdou, né à Sidi Bel Abbes (Algérie), issu de famille de footeux connue dans le coin. J’ai fait presque toute ma formation dans les deux plus grands clubs de Bel-Abbès (USMBA et MCBA). J’ai découvert le futsal début des années 90 grâce à la sélection universitaire, ce qui m’a permis d’être sacrée deux années de suite champion d’Algérie Futsal en 1992 et 1993 et capitaine de la sélection nationale en Coupe du Monde Universitaire FISU a Chypre en 1994. Je suis diplômé UEFA « A », Directeur Formation au Club de CS Sedan-Ardennes (après avoir coaché les U19 Nationaux et la réserve). Je suis formateur et membre de l’Amicale des éducateurs et membre de la commission technique.
La FAF avait annoncé officiellement en début d’année que l’Algérie participerait en octobre prochains aux qualifications de la CAN 2020. Après presque 10 ans d’absence de l’EN sur la scène internationale, comment est venue l’idée de recréer cette équipe ?
L’idée, c’est le fruit d’un travail fait en amont pour le développement du futsal, sachant que la sélection nationale est la locomotive de ce projet. Il fallait une vitrine pour booster le gros travail fourni sur le terrain par les clubs. L’engagement à la CAN nous a poussé à lancer au même moment deux projets parallèles mais avec un même objectif : lancer une dynamique pour le développement du futsal algérien.
Au-delà de l’équipe nationale, quel est le projet global de la FAF pour le futsal algérien ?
La Fédération Algérienne de Football (FAF), à travers la Direction Technique Nationale (DTN), s’est penchée ces derniers mois sur plusieurs dossiers : le développement du football de base (jeunes), le football féminin, la formation des cadres, le Futsal et les sélections nationales, et ce, avant même le sacre à la CAN de notre équipe à 11 en Egypte (qui nous a donné, au passage, beaucoup de joie).
Lors d’un entretien, le président de la FAF, Monsieur Zetchi, m’avait transmis et personnellement émis le souhait de construire le futsal algérien sur des bases solides, sans aucune improvisation ni bricolage, car pour lui, le futsal, discipline jeune, a justement besoin de solidifier ses fondations, ce à quoi il fallait répondre parfaitement, même si de nombreuses équipes de futsal étaient nées avant même la création d’un championnat national.
Le plan présenté, ambitieux, s’articule autour de plusieurs axes. Il prévoit notamment de proposer le futsal en complément de la pratique en herbe et d’aborder le football via le futsal et ce, dès l’école primaire. En ce qui concerne la pratique spécifique Futsal, en amont des championnats seniors déjà existants, et ce grâce a l’effort de tout ceux qui ont œuvré pour que cette discipline continu d’exister grâce aux clubs et à la Ligue Nationale de Futsal algérienne (LNFA), des compétitions de jeunes seront également mis en place d’ici quelques années au sein des ligues régionales. Un état des lieux de la discipline vient d’ailleurs d’être transmis au président avec la proposition de création d’un groupe de travail (commission technique) comprenant des membres de la DTN de la LNFS et des représentants de clubs pour accompagner ces mêmes clubs ainsi que les ligues. Le tout en leur apportant des outils d’aide au développement du futsal.
Ces axes ont ainsi été définis pour répondre à l’appétit grandissant des amateurs du futsal en Algérie ainsi qu’à celui des plus curieux, désireux de s’essayer à cette pratique :
– La refonte du championnat pour donner un nouveau souffle au futsal national et attirer de nouveaux licenciés.
– Une formation de qualité pour les cadres.
– Une sélection nationale mieux armée avec des objectifs dans le moyen terme.
– Une bonne communication pour informer et accompagner les clubs
– Une promotion du futsal de masse pour en faire notre nouvel outil de formations auprès des jeunes.
– Solutionner le problème des infrastructures (gymnases et terrains extérieurs)
Ceci correspond à un plan évaluation sur plusieurs années. Car le travail ne s’arrête pas à la mise en place de ce plan. Les points énoncés ci-dessus seront ainsi mesurés, afin d’en déterminer l’impact réel et son efficacité. Ce plan était attendu et offre au futsal algérien une véritable perspective d’avenir. La Fédération a pris en considération les attentes et propositions si souvent remontées et prouve qu’elle s’est concrètement penchée sur le développement de la discipline dans le pays.
Quel est votre statut et vos fonctions au sein de l’équipe nationale ?
Je suis en charge du développement du futsal algérien, missionné par et pour la Direction Technique Nationale de la FAF, et suis Responsable du Département Futsal et Beach Soccer. Concernant la sélection nationale, je suis également Manager Général de l’Equipe Nationale, et accompagné de Nordine BENAMROUCHE, qui sera quant à lui l’homme de terrain. Je superviserai tout ce qui aura attrait à planification, la programmation, l’organisation, la gestion humaine, etc..). Dans le cadre du projet de développement du futsal national, il y aura notamment tout le suivi des formations des éducateurs qui m’incombera.
Pourriez-vous nous confirmer le nom du sélectionneur et l’objectif à court et moyen terme qui lui ont été fixé ?
Comme déjà annoncé, Nordine Benamrouche sera l’homme de terrain. Depuis déjà un bon moment, nous travaillons ensemble pour mettre en place une sélection capable de nous permettre de viser plus haut. Son choix s’est donc fait naturellement au vu de son vécu sportif mais aussi de par son humanisme. Je n’ai donc pas hésité un seul instant a le solliciter afin de travailler ensemble, car comme on le dit si bien chez nous « une seul main ne peut applaudir ». J’ai conscience qu’un duo ce n’est pas assez pour un tel projet, surtout quand je vois le nombre de personnes qui constitue le staff de certaines sélections africaines.
J’essaierai de solliciter toutes les compétences algériennes du futsal (en Algérie ou en France). C’est ainsi aussi pour cela que Faiçal Amroune (président du Strasbourg Sporting Futsal, club de Régionale 1) nous a rejoint pour développer le futsal algérien de manière générale et pour amener sa pierre à l’édifice car, pierre après pierre, nous construirons un pont pour l’avenir, pour notre futsal national.Toute personne capable d’amener un plus sera la bienvenue. Nous ne fermons pas la porte. Tant que l’intérêt du pays passe avant ceux des personnes.
Pour ce qui est des objectifs de la sélection, je pense que l’urgence serait déjà de donner une dynamique et de l’espoir à tout bon joueur (évoluant dans le championnat national ou à l’étranger) d’intégrer cette sélection, pour en faire un groupe solide capable d’avoir son mot à dire sur la scène internationale, et ce, même si les objectifs de la FAF resteront modérés et logiques. Connaissant bien le niveau de nos joueurs ici ou en Europe, si tout se passe bien, je pense que sur un laps de temps court, nous pouvons nous permettre de voir grand, même très grand inchallah (sic « Si Dieu Le veut »). Mais n’oublions surtout pas le cœur du projet qui est le futsal en Algérie.
Une liste de joueurs présélectionnés a fuité ces derniers jours sur les réseaux sociaux, que pouvez-nous dire à propos de cette liste ?
Effectivement, la liste a été divulguée avant même d’être confirmée avec certaines instances, clubs et personnes. Pour la communication, je pense que ce n’est pas la bonne formule car souvent des agissements de la sorte peuvent nuire à nos projets. Bref, la prochaine fois, nous seront plus vigilants sur les infos à donner, en comptant sur le professionnalisme de certains responsables de communication. Souvent, lorsque l’on veut faire du buzz, on donne de mauvaises informations.
En plus du stage de présélection qui aura prochainement lieu en France, comment va se dérouler la sélection des joueurs évoluant dans le championnat algérien ?
Même si nous sommes dans l’urgence concernant la sélection nationale, au vu des matches qualificatifs qui nous attendent (ndlr : aller en Algérie le 21 octobre, retour le 30 octobre) contre une très belle équipe de Libye habituée à jouer les premiers rôles en Afrique, nous avons aussi décidé de prendre notre temps afin de donner une chance à tout le monde d’intégrer la sélection, les portes restant ouvertes pour tout joueur susceptible de nous apporter un plus. Nous serons très vigilant sur les profils choisis, et ce, afin de représenter dignement le pays. C’est dans se sens que d’autres stages seront programmés que ça soit pour les locaux ou les binationaux (nous communiquerons dès que possible à ce propos).
Nous sommes aussi en train de voir la meilleure solution à mettre en place pour élever le niveau des joueurs locaux afin qu’il y ait un certain nombre de joueurs représentatifs qui puisse intégrer la sélection le plutôt possible. N’oublions pas que la sélection nationale, ce n’est pas un groupe où l’on donne la chance à tout le monde, mais l’honneur aux meilleurs de représenter leur pays.
Quels doivent être les critères mis en place par le sélectionneur pour intégrer la sélection nationale ?
Les critères sont à mon sens simples : techniques, physiques et surtout mentaux. N’oublions pas qu’il s’agit de représenter un pays. Les valeurs vont être plus importantes que tout autre qualité, personne ne sera indispensable, J’aime à dire que l’on n’habite pas un pays, on habite une valeur. Une patrie, c’est cela et rien d’autre.
Dans quelle ville d’Algérie se déroulera le 1er match qualificatif pour la CAN face à la Libye ?
Pour le moment, ce n’est pas encore défini, nous allons essayer de voir dans quelle ville un tel match pourrait être bénéfique pour le futsal algérien et où les conditions seraient réunies pour que tout se passe à merveille inchallah.
Nous vous laissons la parole. Quel est votre mot de la fin ?
Sincèrement et depuis des années, j’avais toujours hésité à m’investir pour notre football en général et pour le futsal algérien en particulier. Les conditions n’étaient pas réunies pour s’impliquer personnellement dans un projet de développement avec la Fédération, voire même avec des clubs algériens.
Heureusement, avec la dynamique portée par la nouvelle équipe technique et après sollicitation de la part du DTN Ameur Chafik, je n’ai pas hésité un seul instant à répondre favorablement au projet proposé, même si je le dois aussi a mon président Monsieur Dubois, qui m’a permis, malgré l’importance de mon poste au sein du club de Sedan, de consacrer pas mal de temps pour mon pays. J’espère de tout cœur mener à bien ma mission et permettre à tous les acteurs du futsal en Algérie de voir de la lumière au bout du tunnel car ils méritent du respect, au vu de leurs efforts et de leur patience.
Je le jure par Dieu que c’est énorme le travail fait par certains coaches et présidents de clubs en Algérie pour faire vivre cette discipline, malgré tous les problèmes qui existent. Je tiens donc à féliciter tous ces clubs et en particulier celui du MC Béjaia pour leurs parcours représentatif du futsal algérien, car c’est avec des actions pareils qu’on redynamise cette discipline au pays.
Enfin, j’espère que la Fédération va nous donner les moyens de nos ambitions pour aller au bout de ce projet et une fois encore, prouver que les compétences algériennes peuvent réaliser de grandes choses telles que le développement du futsal national.
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