Le président de l’UJS Toulouse, Ahmed Chouki, démissionne.
L’annonce est tombée ce 10 janvier 2020. Ahmed CHOUKI, l’emblématique président de l’UJS Toulouse, à décidé de tirer sa révérence de l’un des clubs historiques du futsal français.
Cela sonne comme la célèbre chanson d’Hervé Villard. « Chouki, c’est fini, et dire que c’était la ville de son premier amour« ….
Sauf qu’il ne s’agit ni de Capri, ni d’Hervé Villard ou des danseurs des yéyés aux déhanchements plus que douteux. Celui qui n’aura sans doute jamais collectionné l’emblématique journal « Salut les Copains » aura livré cette semaine un communiqué soudain auquel le futsal (même pas nous) ne s’attendait. Un cinglant « Bye Bye le futsal ». Cet homme, aussi militant qu’emblématique, c’est Ahmed Chouki, le président de l’UJS, poids lourd du futsal français. Cette ville, c’est Toulouse -la ville rose-, aussi bien connue pour ses clubs de rugby et de football, que pour ses « empenadas argentinas » ou le duo BigFlo et Olli, rappeurs atypiques, mais sympathiques, qui squattent les charts de la musique française.
Toulouse et le futsal, cela pourrait aussi bien être un Big Flop. La preuve, encore une fois, que le futsal va mal, très mal, tel que nous le présentions dernièrement à Toulon.
Le président Chouki dénoncera tout d’abord dans son communiqué le fait que le club « n’a pas les moyens de se projeter au-delà de la fin de saison, au plus haut niveau national dans des conditions décentes et soutenables« . Cela est-il vrai ? N’est-ce pas la complainte habituelle d’un (ex)président, semblables à tous les clubs de futsal de l’élite qui ne cesse de se plaindre et de gémir inutilement, face aux manques de subventions ? Sauf que nous sommes à Toulouse, l’une des villes les plus dynamiques de France, de l’UJS, club phare du futsal français avec de très nombreux licenciés. Big Flop certainement de la part des collectivités, qui n’auront sans doute pas saisi toute l’importance éducative portée par l’UJS et le rayonnement du club en France. Pour preuves de ce manque de considération, un petit tour sur le détail des subventions 2018 (à titre d’exemple) de la ville de Toulouse(source: data.toulouse-metropole.fr):
Concernant les subventions de la Ville de Toulouse, le club toulousain est effectivement très loin, mais alors très très loin de certains clubs, n’évoluant pourtant pas dans l’élite de leur sport au niveau français. Si l’amicale des Amis du Stade Toulousain perçoit 231 800 Euros de subventions en 1 seul versement unique, ou si le Rodeo FC (11 équipes, 11ème du classement de National 3 de football, équivalent de la 5ème division), reçoit 100 000 Euros d’aide en 1 versement unique, comment expliquer que l’UJS Toulouse (14 équipes), et évoluant en 1ère division française reçoive un peu moins d’un tiers que le club de football sus-mentionné ? Même le Toulouse MFC, autre club de D1 Futsal (non spécifique) recevait 100 000 Euros, soit trois fois plus.
Force est de croire que le désormais ex-président Chouki a toutes les raisons de croire que quelque chose cloche. Et il s’agit des chiffres des subventions 2018, comment espérer aller plus loin et survivre si celui confirme la « baisse importante de nos subventions aux Sports » alors que l’activité a été multipliée par 5 » ?. La « perte des emplois aidés », des « enveloppes parlementaires » et les « affaires l’opposant à la FFF et la Ligue » auront fini d’achever Ahmed Chouki. Ce sera ce manque de considération qui aura fini de décourager cette figure emblématique de Toulouse, qui n’aura eu de cesse de se battre pour ses jeunes, en mixant projet sportif ambitieux et action en faveur de la jeunesse. Un sacrifice au détriment de sa vie de famille et professionnelle qui ne pourra plus durer. Enormément de présidents de clubs de futsal en France, quelque soit leur niveau sportif, sont dans la même situation aujourd’hui. Une passion dévorante, un don de soin que trop peu de personnes salue au quotidien. Un déni de la réalité permanent que nombre de présidents refusent de voir et de s’avouer car masqué par une passion qui comble tous les manques; une passion qui excuse, au moins temporairement, le manque de considération de ceux qui devraient pourtant être aux côtés de projets ambitieux tels que menés par l’UJS. Sauf qu’ils sont abonnés absents. Collectivités qui font la sourde oreille en accordant des subventions méprisantes. Et des instances sportives qui ne cachent plus de vouloir évincer des clubs spécifiques futsal, de « quartiers », qui dérangent de plus en plus lorsque ces derniers s’expriment, revendiquent, font entendre leur voix, crient à l’injustice.
Face à la crise du bénévolat, face aux manques de subventions mais surtout de considération, Ahmed Chouki et « son » UJS apparaissait comme un échappatoire, comme une porte de sortie de bon nombre de jeunes, face à un quotidien et une époque que beaucoup voit comme sombre. De quoi espérer un épilogue peu glorieux au film « Les Misérables » de Ladji Jay, sans parler du déficit d’image pour une ville qui abandonne littéralement un club évoluant dans l’élite du futsal. Le futsal, à Toulouse comme à Toulon, pris en otage. Quand est-ce que la Ville de Toulouse (ou d’autres) se rendra compte de tout l’ampleur du projet d’un club comme l’UJS et de tout le sacrifice d’un Ahmed Chouki ? Trop tard. Il est trop tard.
Il n’y a pas que l’arrivée de Ricardinho qui annonce un changement d’époque dans l’histoire du futsal français. Un futsal français dont l’histoire n’a pas commencé, comme beaucoup le croit, au début des années 2000 avec les premiers challenges nationaux, mais qui aura débuté en France à la fin des années 70, avec Amador Lopez (décédé en 2000). Amador Lopez l’éducateur sportif, qui, en 1979, avait emmené avec lui plusieurs jeunes footballeurs de la MJC de la Frayère à Cannes au Brésil, et qui aura rapporté le futsal en France. Un futsal recréatif, signe de partage et issu des quartiers, qu’on le veuille ou pas. Ce futsal « de quartier », fier et déterminé. Ce futsal » de quartier » que beaucoup tente de faire disparaitre du paysage, comme s’il n’avait jamais existé. Ce futsal « de quartier », qui s’est hissé au plus haut, jusqu’à l’élite, en bricolant avec les quelques miettes qu’il a pu recevoir honteusement.. Ce futsal de quartier qui n’a perduré que grâce à des bénévoles sacrifiant le peu qu’ils avaient pour leur jeunes. Ce « futsal de quartier », ce « futsal fier et militant » perd aujourd’hui l’une de ces figures emblématiques: Ahmed Chouki. Bien triste pour ce futsal de demain dont peu de personnes ne sait ce qu’il adviendra vraiment …
Chouki, c’est fini, et dire que c’était la ville de son premier amour . Chouki, c’est fini, y retournera t-il un jour ?
Pas si sûr. Famille, santé, paix de l’âme …Revenir à l’essentiel… Bon vent président.